PRÉCI 2018 – PROJET RWANDA | Nous voilà aux semaines 6 et 7 de chantier et ça avance toujours à bon rythme.
Au cours de la sixième semaine, nous avons eu droit à nos tout premiers visiteurs du Québec : Pierre et Zachary Mondou, le père et le frère de Camille. Ils ont passé cinq jours au chantier et ont visité un peu le pays. Ils nous ont donné un bon coup de main sur la préparation des armatures et pour ramasser les briques cassées autour du bâtiment. Nous avons été très heureux de les accueillir dans notre maison, Chico a laissé son lit à Pierre tandis que Zachary a passé la semaine sur un matelas de sol. Ça nous a permis de sortir un peu de notre routine, de voir d’autres québécois et d’avoir un avis extérieur sur le projet. Nos prochains visiteurs sont prévus pour décembre.
Voici une photo de la petite famille réunie. La moitié des bagages sur cette photo sont en fait des cadeaux pour la communauté mais aussi pour les membres du PRÉCI ! Du linge chaud, des bonbons, une douche extérieure portative et pleins de choses que nos six précieux ont beaucoup appréciées.
La première fin de semaine de la période, Camille a rejoint sa famille à Kigali pour faire un safari pendant que les autres ont visité les alentours à la marche. Après une marche de plusieurs heures, ils ont essayé de prendre un autobus, mais n’en voyant pas, ils ont seulement marché sur le bord de la route. Les rwandais sont des personnes très aidante et attentionnée, un camion c’est donc arrêté pour leur demander s’ils voulaient un « lift ». Nous avons tous eu la même éducation : ne jamais embarquer avec un inconnu. Par contre, drôle de hasard, ce n’était pas totalement des inconnus. Avant même de quitter le Canada, nous sommes entrés en contact avec Dan Klinck qui est un canadien œuvrant dans les barrages énergétiques au Rwanda. Les rwandais du camion n’étaient nuls autres que les employés de M. Klinck, qui ont amené nos aventuriers jusqu’à Ruhengeri.
Au chantier, nous avons coulé la dernière partie des colonnes du bloc A et B. Avec les colonnes montées jusqu’à 2,2 m, le coffrage des linteaux a pu démarrer. Nous avons trouvé une solution pour boucher les trous dans le bois meilleur que nos bouts de papier : le silicone. Nous avons réussi à nous procurer plusieurs tubes de « mono » que nous mettons par-dessus les papiers ou sur de petites fentes dans le bois pour étanchéifier le tout. Le résultat est particulièrement bon, nous sommes très satisfaits. Seul petit hic, nous n’avons pas de « fusil à silicone » ce qui complique l’application. Un bout de bois pas trop gros, mais solide, fait l’affaire, en plus ça nous permet de muscler nos bras !
Encore une fois, nos coulés sont un moment de pur plaisir ! Cette fois, il s’agissait de la coulée des linteaux, une coulée en hauteur. Les rwandais chantent et se font entendre de partout sur le chantier, les femmes et les hommes dansent tout le temps et nous, nous joignons à eux bien évidemment. Il y a toujours des agriculteurs et des enfants qui forment un petit public et qui, tout en restant hors du chantier, se joignent à nous à un certain point. Kevin et Frede, ont pris la place de Félix et sont devenus nos nouveaux danseurs. Ils dansaient sur les échafauds du A. Une coulée ici signifie la fête. Pour un rwandais, une journée sans chant et sans danse n’est pas une bonne journée. De plus, lorsqu’ils dansent et chantent la productivité augmente grandement. Moral, une coulée c’est efficace et amusant, quoi demander de mieux !
Cette coulée a eu lieu samedi matin et nous avons appris que plusieurs maçons ont fêté la veille en buvant la bière aux bananes. Bière locale qui est plutôt forte et avec un goût spécial. Étant un peu lendemain de brosse, en mélangeant le béton ils avaient très chaud. Félix, toujours prêt à accommoder tout le monde, leur dit de retirer leur chandail. Les trois maçons, gênés, attendent que Félix l’enlève en premier. Imaginez, un umuzungu (étrangers/blancs) torse nu sur le chantier ! Les employés ont chanté et dansé de plus belle, tout comme Sauvy d’ailleurs. Une fois de plus, Félix danseur hors pair, a eu droit à ses instants de gloire. La liste des admiratrices de notre danseur étoile à certainement augmentée cette journée là !
Retournons un peu à la maison, il faut savoir que notre seule table où nous pouvons nous asseoir est une table basse de style salon. Ici, ils mangent sur ce genre de table, donc nous mangeons souvent sur nos genoux. Le champion en chef du « j’échappe ma nourriture » est de loin Chico. Par contre, il a été détrôné par nulle autre que ZachAttak (surnom donné à Zachary par Kevin). Au minimum, une fois par repas Zach échappait un fruit, un ustensile ou un morceau de son repas, c’était immanquable !
Le dernier week end, Zachary et Pierre sont allés voir le lac Kivu et les volcans. Ils ont quitté samedi tôt le matin, pendant que nous coulions les linteaux. Ayant travaillé samedi, nous avons pris la journée de lundi de congé pour la cure du béton et laissé les employés se reposer. Philip et Félix sont partis dimanche matin pour se rendre à Nyange à la marche et en autobus pour visiter un mémorial du génocide. Ils ont dormi dans la ville de Nyange et ont mangé des brochettes de chèvres, qui sont un de nos repas favoris ici. Pendant ce temps, les filles ont fait un peu de ménage et ont réaménagé le salon. Vous pouvez voir, sur la photo plus bas que nous commençons à se sentir vraiment chez soi ici ! Nous avons pris l’habitude de sortir les bancs dehors à l’arrière pour manger à l’extérieur ou encore jouer à des jeux de société dans notre cours avant.
Photo panoramique
Lundi, nous sommes allés au marché de Kabaya, la ville voisine. C’est l’endroit où nous avons acheté du linge chaud la première semaine, celui où nous pouvons trouver des samosas en collation ou bien du fromage, des tissus et toute sorte de chose utile. Les quatre membres ne se trouvant pas à Nyange y ont passé l’après-midi et ont été rejoint par les visiteurs. Ils ont, eux aussi, mangé des brochettes de chèvre en attendant que les couturières finissent leur commande. Ce lundi a aussi été souligné par le début de la saison des pluies. Nous avons appris, qu’en fait ce que nous avons vu jusqu’à présent ce n’était rien ! Pris sous une grosse pluie, Camille s’est réfugié chez les couturières, tandis que Kevin, Chico et Frédérica sont allés dans le commerce voisin. Du côté de Camille, elle a rencontré des femmes extrêmement travaillantes qui l’ont trouvé très drôle lorsqu’elle a tenté de discuter avec eux en baragouinant en Kinyarwanda. Une fois habitué à son accent, Camille les a aidés à terminer le sac qu’elle leur avait demandé et la commande de Kevin. Les femmes font tout même si elles ne savent pas comment, elle regarde un article et limitent du mieux qu’elles peuvent. Un très beau moment !
La saison des pluies se faisait tarder cette année, si elle n’arrivait pas bientôt, ici à Kinanira et Kunturo ça aurait été la catastrophe. Les agriculteurs auraient perdu leur récolte. Le mercredi suivant, il a plu tout l’avant-midi, du jamais vu, ce qui nous a confirmé que c’était bel et bien la saison des pluies. Par contre depuis c’est encore des averses plutôt isolé, nous voyons du haut de la montagne que la pluie frappe partout autour, excepté notre petit village.
La tempête marquant l’arrivée des pluies a aussi touché notre hangar. L’endroit dans lequel nous dansons et avons fait un concours de Limbo a gravement été endommagé par les vents. On aurait dit qu’un ours y était passé. Les vents ont fait bouger les bouts de bois sur lesquels les bâches étaient clouées, résultats les bâches sont toutes déchirées et l’abri ne nous protège plus de la pluie. Heureusement, la maison qui entrepose nos matériaux n’a pas été touché et nous avons reçu de nouvelles bâches, nous pourrons réparer le tout.
À Kinanira, donc dans notre maison, il y a l’électricité, toutefois en haut de la montagne à Kunturo non. Notre toit, devant être soudé, nous aurons besoin prochainement d’une ligne électrique, par contre c’est très dispendieux. La ligne ne desservira pas seulement notre poste de santé comme prévu, elle permettra à toutes les maisons le long du chemin de s’y raccorder, ce qui est une grande valeur ajoutée au projet. Mardi matin, Kevin et Camille ont rencontré la vice-maire du district de Ngororero, district dans lequel se trouve Kunturo. Suite à une rencontre d’environ une heure, elle nous a assuré le support du district et des instituts gouvernemental au niveau du financement et l’installation. Vous comprendrez tout de suite que nous sommes enchantés par cette bonne nouvelle. La vice-maire est une dame très gentille et plutôt drôle, comme Isaac dirait : c’est la nouvelle amie de Cam. Elle a aussi insisté pour que nous prenions une journée de congé dans le but d’aller monter la montagne historique de Ngororero avec elle. Cette montagne a été le lieu de la première rencontre entre un blanc et un roi rwandais. La communauté ici est très fière que leur région ait accueillie cet événement marquant.
Depuis notre arrivée à Kinanira, nous sommes entourés de voisins assez uniques : la vache, les oiseaux et les cochons. Notre voisin, qui est un de nos maçons, à une vache dans un petit enclos qui passe la nuit à parler/hurler seule ! Au bout d’un certain temps, nous ne l’entendons plus, mais nous en avons tellement rit que nous sommes rendus capables de l’imiter, Kevin est de loin le meilleur. Sinon, il y a les oiseaux, qui eux aiment bien nous rendre visite sur notre toit de tôle. Ça résonne partout dans la maison. Les derniers, mais non les moindre, les cochons ! Nous avons vécu un moment, comment dire, étrange un matin avant de quitter pour le chantier. Nous entendions les cochons crier si fort, nous étions certains qu’ils seraient tués pour nourrir la famille du propriétaire, mais au bout d’une trentaine de minutes nous avons compris que non. Tout le monde, y compris le cuisinier, sont sortis sur le balcon arrière pour voir ce qui se déroulait. Le voisin tentait d’accoupler ses cochons, sans succès. Assez cocasse comme moment !
À la fin de la semaine sept, nous avons réussi à couler la totalité des linteaux du bloc A et B, ainsi que briquer le bloc A jusqu’au toit. Nous avons trois nouveaux maçons parmi l’équipe : Camille, Marc et Kevin. Kevin brique depuis déjà quelques semaines, tandis que Cam et Chico ont débuté dernièrement. Les maçons aiment beaucoup travailler avec les Abazungu (étrangers/blancs au pluriel) et c’est plutôt drôle, car ils leur enseignent une méthode bien précise en mimant, parce qu’ils ne comprennent pas les consignes en kinyarwanda. Il faut croire que les mimes fonctionnent bien, car ils font du beau travail.
Au courant de la semaine, nous avons fait un tirage. À notre arrivée, nous nous étions fait dire que la sécurité était très importante sur les chantiers rwandais. Toutefois, c’est relatif aux travaux et au chantier, ici quelques maçons portent des bottes de travail (bottes d’eau comme mentionné dans un de nos blogues antérieurs) et un casque de protection. Dans nos valises d’outils, nous avions des dossards que les maçons désiraient par-dessus tout avoir. N’en ayant seulement cinq pour dix maçons, nous avons procédé à un tirage devant tous les employés. L’ambiance à son comble, nous avons rendu nos employés plus qu’heureux, surtout que ceux n’en ayant pas ont eu droit à un gros câlin de nulle autre que Kevin ! Patrice, un des maçons, étaient tellement heureux, ça été vraiment touchant de voir sa réaction. Imaginez que vous gagnez 1 million à la loterie, eh bien ça réaction était exactement la même.
Depuis le tout début de cette aventure, nous avons été avertis que nous pourrions rencontrer des différences cultures qui auraient un impact sur le chantier. Jusqu’à présent, rien ne nous avait affectés. Par contre, ayant atteint une certaine hauteur (2,2 m), nous avons découvert la première différence qui impact le chantier. Dorénavant, nous devons avoir deux aides-maçons par maçon, un au sol et un sur l’échafaud de 1 m. Toutefois, ici les femmes portent seulement des jupes, plusieurs d’entre elles, ayant très peu de vêtement, n’ont aucun pantalon. Résultat, aucune femme aide-maçon ne peut monter à 1 m. Notre équipe d’aide-maçon étant formée 50% de femmes et 50% d’hommes, ça nous impose une gestion plus complexe des équipes de travail. Ce petit problème nous a plus fait sourire qu’autre chose, si c’est le seul impact que nous rencontrons, nous ne nous en plaindrons certainement pas !
Pour ce qui du C, les briques sont montés jusqu’à 1,80 m. Nous avions prévu de faire une seule coulée pour les colonnes, pour éviter les joints froids, malheureusement, le mur commençait à être déformé. Nous avons fait ce que nous savons le mieux, s’adapter ! Une coulée a donc été faite à 1,80m et nous coulerons le 0,40m manquant en même temps que les linteaux. Nous avons justement terminé la semaine sept avec la coulée des colonnes.
Un soir, avant de retourner à la maison, nos deux hommes forts : Kibonke (Sauvy) et Dongozi (Philip) ont fait un concours de force. Il faut s’entendre, c’était assez rudimentaire, celui qui lève la plus grosse roche ! Après en avoir levé une dizaine, sous les yeux curieux de plusieurs enfants de l’école, ils ont fini par déclarer égalité, avant de se blesser. Toutefois, Gafotozi (Chico) est intervenue en changeant un peu le défi : celui qui soulève la plus grosse roche avec seulement ses doigts. Évidemment Phil et Chico l’ont emporté sur Félix, étant deux grimpeurs, ils ont l’habitude avec ce genre de prise.
Les surnoms de la semaine. Cette semaine nous avons eu droit à un deuxième baptême, pour nos visiteurs. Il y a d’abord Cyizere qui signifie le courage et la relève, celui qui prendra la place de son père. Le nom a bien évidemment été donné à Zachary. Pierre quant qu’à lui a reçu le nom de Rwema qui veut dire le chef de la famille, le père qui est bon dans son rôle de papa, car il est venu au Rwanda pour visiter sa fille. Par contre, toute la semaine les gens l’ont appelé « vieux », une traduction de « muzehe ». En kinyarwanda vieux est synonyme de personne sage, ce que nous ne savions pas en lorsque Isaac et notre contremaître ont commencé à dire : « Hey le vieux ! ».
Voici nos photos de la semaine :